Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 11 février 2024

Sujet ?



Qu'est ce qu'un sujet ? Qu'est ce que la singularité ?

La singularité est peut-être la dernière liberté qui nous reste, qui reste au sujet.

Si on considère que la liberté est subjective, et si on la place dans un contexte de singularité.
Nous nous heurtons à l'éternel problème de la liberté, de sa définition, de son acception et de sa représentation...
Tout comme l'a admirablement fait Hannah Arendt nous pouvons nous demander

s'il faut au nom des libertés accepter une société égalitaire ? Et par là se poser la question de ce que signifie liberté dans une société libérale, libérale à outrance ?


Se demander aussi si la racine étymologique est la même ? S'il existe un point commun entre liberté et libéral ?
Mais ce serait s'écarter, s'éloigner de la question de la liberté du sujet, principalement de la place du sujet et de la place de la liberté dans la vie du sujet. Cette place est-elle possible ? Le sujet peut-il être libre ? Et libre de quoi ?
La liberté serait elle une sorte de vue de l'esprit, d'hypothèse posée qui ne peut cependant pas se vérifier. Elle se définit selon un cadre et une norme, d'où le paradoxe !
D'où le clivage ? D'où la folie...?
Nulle liberté, mais des libertés ?

Parler du sujet c'est déjà affirmer et poser une acception de cette terminologie. Le différencier du groupe, du collectif, de la masse ou de la foule, qui pourrait se présenter comme la somme de sujets, bien que ce ne soit pas aussi simple que ça.
Une somme n'est pas le résultat d'une opération, pas seulement ça. 1+1 n'égalent pas deux, nous le savons, il y a cette faille entre les deux, qui fait que c'est plus complexe. Qu'il y a entre le 1 et le second 1 une sorte de vide, où vient se loger quelque chose, ce quelque chose qui fait que ça ne colle pas tant bien que ça. Qui produit de l'interrogation, qui appelle du sens.

Un sujet et un autre sujet ne feront jamais une somme, plusieurs sujets non plus.
La somme n'est pas ça, la somme constitue une masse ?
Faut-il composer avec l'idéologie sartrienne de "l'universel singulier",

entrer ainsi de plain pied dans la psychanalyse existentielle ?
Un homme ne serait ainsi jamais un individu, mais un "universel singulier totalisé

et même universalisé par son époque"*

Mais si l'on considère justement cette faille où se loge la singularité. Justement ! La singularité de chacun, son unicité. Affirmer cette singularité est sûrement le seul acte de liberté individuelle que nous pouvons encore poser, ou se risquer à poser. Etre sujet, c'est être libre quelque part, c'est prendre une certaine responsabilité et assumer ses choix, du moins celui d'être un sujet.
C'est prendre un risque, oser prendre ce risque en s'affirmant sujet. Etre acteur.

Mais là où le questionnement nous ramène au réel, et ce retour là n'est pas sans nous interpeller, c'est peut-être et surtout la définition du sujet... Cette définition grammaticale, étymologique, sociologique, sociale, économique, historique.

Le sujet est toujours relié, au verbe, aux compléments, au suzerain, au roi.
A l'autre, à l'Autre.

Le sujet ne peut donc pas être seul, vivre seul évoluer seul ?
il a besoin de l'autre. Il ne serait rien sans lui. Il n'aurait pas de sens et pas seulement sur le plan de la syntaxe.
Sujet subordonné, sujet assujetti ? A l'ordre social, au désir de l'autre, à l'autre
Sujet de sa majesté, sujet d'un pays, sujet du verbe
Le Verbe !
Liberté ? Quelle liberté au sein d'un assujétissement aussi prégnant ?
Comment se battre, se débattre dans ce contexte ?
L'homme est un animal social qui a besoin de l'autre, pour vivre, penser, se reproduire, pour être
Pour être un sujet.
Le sujet est toujours le sujet d'un autre sujet, l'autre d'un autre, nous sommes toujours l'autre de quelqu'un.
Lien social ?
Quelles libertés alors ?

*Sartre, Flaubert, Préface p.7 Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste, exploratrice urbaine Crédit photo @brigittedusch

mardi 30 janvier 2024

Solitaires, solitudes


Sie sagt

"Je suis une solitaire, voyez vous, non que je l'ai souhaité mais la vie a choisi pour moi. C'est difficile la solitude, on s'habitue. Enfin non, pas vraiment, jamais. 
Etre seul c'est n'avoir que soi, soi en face de soi chaque jour que nous offre l'Eternel qui nous a laissé là, seul avec notre chagrin.
Je crois en lui, mais il est injuste parfois... j'aurai aimé ne pas être seule, solitaire.
C'est un poids terrible que la solitude"

Il confie

"Je suis tout seul à présent, elle est partie trop vite ma femme, on n'a pas eu le temps de profiter, de vivre un peu. Alors je reste là dans cette maison que nous avons construite. C'est pas facile tous les jours, je m'habitue (silence) non, pas vraiment car je pense à notre vie à chaque fois que je mets la table, je ne la mets plus ; une assiette, ça ne ressemble à rien... La vie est courte, j'attends."


Entre deux sanglots

"J'ai perdu mes enfants, ensemble presque, je les ai élevé tout seule comme maman qui a perdu mes deux frères elle aussi d'un coup, ensemble, ma grand mère avait perdu ces 4 fils à la guerre 14,  il y a leur nom sur le monument du village. Nous sommes maudits, cette famille ne doit plus avoir d'enfant. Je suis seule au monde, maintenant
Dites moi pourquoi"

Elle chuchote

"Mon bébé est mort, je ne sais pas pourquoi, mort subite du nourrisson ils m'ont dit, je n'ai pas compris, ça arrive il parait on ne sait pas pourquoi, tout allait bien il était si beau, mais il est mort, comme ça, tout petit, il n'a pas eu le temps de vivre, c'est injuste, je me sens si seule, je n'ai plus rien, je suis vide...
Vide de bras... il n'y a plus rien vous comprenez, plus personne à nourrir à endormir à embrasser, je voudrai mourir."

Il soupire

"J'aurai du rester là bas, d'ailleurs j'y suis toujours, vous, vous savez, on y va de temps en temps quand je peux vous raconter,  je suis à moitié mort là bas dans ce merdier,  et cette moitié que vous avez devant vous, c'est vide, c'est deux moitiés à moitié mortes, je dis des conneries... silence.
Je suis seul avec le manque, la peur les cauchemars, les odeurs, la mort, je suis la mort, je suis seul avec ma mort, on joue à la roulette russe, j'aimerai qu'elle m'emporte"

Elle parle

"Je suis seule, le matin lorsque je me réveille, puis quand je mange, quand je sors, quand je rentre, il n'y a personne, je suis seule, le soir, toujours et on recommence, cela fait cinq années que ça dure, que mon mari est mort, cinq ans que je ne vois plus personne, vous de temps en temps, pour parler de ma solitude, car avec les autres je suis polie, je ne dis rien, il faut aller bien pour croire que de temps en temps je ne suis pas seule. L'illusion pour vivre !'

Paroles de patients
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

mercredi 3 janvier 2024

La Bâtarde



On la disait étrange, enfant elle ne ressemblait à rien, ni à personne.
Elle !
Elle l'étrange étrangère dont on ne sait que faire
Mais qu'on n'a pas vraiment oser abandonner
On la met au ban, à la marge de la famille, de la société et de la vie, on la cache un peu, enfant de la honte, il ne faut guère la montrer.
Pourtant elle s'accroche
C'est que les bâtards ont le goût de la vie, 
Ils s'y accrochent et se battent car ils savent qu'ils doivent être mille fois meilleurs que les autres
Les légitimes, les voulus, les gâtés
La Bâtarde a décidé de vivre, abandonnée sauf par quelques uns qui soient ont eu pitié, ou simplement aimaient les délaissés
Elle ne saura jamais


Le bâtard a cette intelligence de saisir ce qui peut l'aider à vivre, à mettre en place des solutions de survie.
Pas d'autre choix que d'être mille fois plus fort que les autres s'il veut réussir. 
Tous ses sens se mettent en éveil il découvre très vite sa différence, ce qui fait de lui l'autre dont on ne veut pas, ou pas vraiment ; le malgré lui, le malgré eux ;le malgré tout
Il est là, occupe la place qu'il n'a pas qu'on ne lui donne pas
Il n'a pas d'autre choix que de la prendre, la saisir, la revendiquer s'il ne veut pas être une victime
Il est arrivé là malgré tout, au hasard, pas voulu, pas désiré mais il est arrivé plus ou moins malmené par la vie, par la mère, par un père qui n'est pas le sien ! mais qui est vraiment le père ? Nul ne saurait vraiment savoir, même s'il l'affirme


La Bâtarde ne peut nier, elle ne ressemble à personne
Mais qui est-elle cette enfant ? de qui a t-elle les yeux ? Ce petit monstre aux cheveux blancs et à la peau si pâle ?
Mais de quel coin de l'Enfer a t'elle été jetée ?
Jetée en pâture à la vindicte des bien pensants, de cette famille hypocrite qui lui laisse penser qu'elle est tout en lui disant qu'elle n'est pas
Quels parents ? D'où vient-elle ?
Elle cherche, l'enfant souffre aimerait savoir, aimerait aimer, mais ne sait pas qui, s'accroche à l'adulte qui lui donne quelque affection, avant de réaliser qu'elle n'est pas, qu'il n'y a rien
La Bâtarde a de la chance elle est intelligente, elle est bonne élève et fait la gloire de cette famille infecte dont elle devient le phallus, celle qui est née de la faute pourrait-elle racheter les fautes de ces ingrats, de ces mauvais, de ces diables ?
Elle a compris très vite qu'elle pourrait sauver sa vie, se sauver en donnant du sens à l'existence


Et tu choisiras la vie


Elle comprend ça, s'accroche, la Survivante trouve en le savoir le chemin qui la mènera non à Dieu qu'elle ne connait pas mais à la vie qu'Il a demandé à ses enfants de choisir. Elle a choisi son camp
Elle aimera la vie tout simplement.

La faute ne s'effacera jamais, toute sa vie elle restera au ban, dépouillée, oubliée elle ne sera pas même prévenue de la maladie, de la mort de ceux qui ont été de mauvais parents tout en essayant d'être bons peut-être ?
La comédie ayant assez durée elle décide de tenir la parole qu'elle a donnée à l'enfant qui a tant souffert.


Car de la souffrance elle en a essuyée, rejets, moqueries, violences, insultes.  La haine, le mépris elle sait ce que c'est. Elle n'oublie rien même lors de Kippour elle n'y arrive pas ; personne ne lui a même demandé pardon.

Quand elle se retourne sur sa vie, elle se dit qu'elle s'est bien battue, qu'elle a réussi et qu'elle est debout, qu'elle a vaincu la haine, qu'elle n'a jamais baissé les armes même au milieu des larmes et des sanglots elle ne s'est jamais agenouillée, elle n'a jamais cédé. Elle est fière d'elle. Elle a tenu.

Alors elle est revenue, revenue sur la terre de la haine, sur les lieux des tragédies et de l'abandon, elle se joue de tout et refait le chemin à l'envers
L'heure des comptes et des contes a sonnée.


Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch



lundi 1 janvier 2024

1° janvier



1 janvier
Il y a cette tradition que je n'ai jamais tout à fait comprise, celle de souhaiter ce jour précisément le meilleur (du moins je l'espère) à notre entourage. 
Souhaits sincères ? Je ne saurai savoir
Souhaits de convenance ? Je ne ferai aucun procès d'intention.

Pourquoi ce jour serait-il, sera t-il différent du précédent ?
Question de temps ? Temporalité ? Découpage artificiel du temps par l'homme qui s'évertue de le maitriser, le rationnaliser, le mettre dans des cases ?

Le Temps n'existe pas vraiment, chacun a le sien, le temps file et parfois s'arrête mais au rythme de chacun. La temporalité est singulière et pourrait donner lieu à un vaste débat.

Ainsi une nouvelle année devrait annoncer le meilleur, le mieux, le changement. Mettre un terme à tout ce qui a été douleur et souffrance.
Quid des bonheurs ? 
Quid des joies ?

Quel sens ? 

Demain sera un autre jour, après demain aussi, mais nous ne fêterons pas, nous ne fêterons rien.
Pourtant chaque jour est une fête, un cadeau puisque nous sommes en vie !
Alors ? 

Le temps passe, s'arrête, nous donne et nous reprend. On l'aime ou pas, il fait mal mais fait du bien, comme le ciel il est impermanent, il faut saisir l'instant, bref, du rayon de soleil et de l'éclat de rire, qui comme le nuage qui cache le coin de ciel bleu, et qui d'un coup d'un seul disparait, puis revient. 
La vie est un ciel avec ses nuages, sa nuit étoilée, noire ou seule la Lune impériale rayonne sur l'univers. C'est  aussi ciel d'orage, de pluie, de neige ou de larmes, un ciel lumineux, coloré parfois. Mais c'est ainsi.


Nous ne pouvons que prendre, être et vivre ; y mettre de la couleur quand il est trop gris ou un peu de noir quand sa clarté nous insupporte !

L'essentiel est d'aller en soi, en son coeur et en son âme chercher ce soleil qui nous manque, cet espoir qu'on nous confisque chaque seconde, mais dont il est de notre devoir d'entretenir la flamme.

Vivre

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
crédit photo @brigittedusch

mercredi 13 décembre 2023

Ecrire le Bonheur




Ecrire le bonheur avec des majuscules et des lettres en couleur : une utopie, un pari, une réalité ?

Il est infiniment plus simple d'écrire la tristesse et le malheur que de dire, décrire la joie et les petits bonheurs du jour, de la nuit, de la vie
Il y a une sorte de pensée magique, ne pas oser les dire, les nommer, d'en parler de peur qu'ils ne s'échappent et qu'ils ne fuient et ne reviennent jamais.
Ouvrir la boite à bonheurs.
Quel est le risque ? 
Dire je t'aime, je m'aime, je vais bien, je suis heureuse, je suis bien..
Et puis ?
Peur que toutes ces joies, ces petites choses qui nous font vibrer, sourire et rire se sauvent et ne reviennent plus, s'en aillent dans le trou noir de l'oubli ? Qu'elles nous soient ôtées par une méchante fée, une vilaine sorcière ? 
Peur de ne pas les avoir mérité ? Mérite t-on le bonheur ? La joie ? Est-ce un don ou faut-il les construire, les mettre en place, les mettre au jour ?

Certes le bonheur, les bonheurs ne durent pas, mais rien ne dure éternellement, la vie est faite d'allée et venues, de surprises et d'inattendus, tantôt tristes puis joyeux, un éternel recommencement, un tourbillon

 Oui, ils sont éphémères, se diluent et se perdent dans la mémoire parfois tellement loin qu'on ne sait plus que nous les avons vécus, vraiment, intensément parfois. Enlevés, passés, le vent les a emportés et ? Plus rien. 
Nous n'en prenons vraiment conscience justement quand ils ne sont plus et que nous devons faire face à l'adversité, au chagrin, à la peine. On se rend compte alors à quel point ses moments ont été précieux 

"Si j'avais su à quel point j'avais de la chance de vivre ça, de voir ça, ce soleil, cet amour, cette joie'. 

Avons nous pris la peine à cet instant de les vivre : arrêt sur image : l
es vivre ! les sentir ; les ressentir, au plus profond de soi, avec tous ses sens afin de leur donner du sens.

Arrêt sur image. Stop, arrêter le fil du temps qui continue cependant à filer. Impossible ascèse, illusion ? Et pourtant une fraction de seconde. Etre dans l'instant, l'instant de la joie, du rire, du bien être et se dire "je suis heureux, je suis content, c'est bien, je profite, merci". Jubilatoire.

Merci. Gratitude.
Merci qui ? La vie, Dieu, l'autre ? l'univers ? le moment ?
Peu importe.

La vie est un cadeau, "Tu choisiras la vie" . La plus belle des injonctions car celle ci est tellement précieuse.  
Il faut voir la mort, la côtoyer de prés peut-être pour prendre conscience de la terrible réalité qui est celle de tous,  nous allons tous mourir, c'est la seule certitude que nous avons, mais avant nous allons vivre, nous sommes vivants. La proximité de notre finitude nous fait prendre conscience de notre être vivant et de tout ce que cela signifie.
La vie est brève, nous mourrons, un jour, le plus tard possible, mais nous pouvons mourir demain, tout peut basculer en une fraction de seconde. 

Alors ?

Vivre, danser, pleurer, chanter, peiner, rire à nouveau, et tout recommence, le cycle de la vie, son impermanence, la vie c'est ça, une alternance de blanc, noir, et pleins de nuances, une palette de couleurs et d'émotions qui nous envahissent, nous prennent et nous emporte dans des tourbillons, des pensées, des ruminations, des rêves, des espoirs, on essaie, on échoue mais on recommence.


Ecrire le bonheur ? c'est peut-être prendre le temps de s'arrêter sur cet instant un peu spécial, heureux, où je vis des émotions qui me font du bien, qui me font plaisir, qui mettent mes sens sans dessous dessus, qui me bouleverse. J'entends et j'écoute mon corps qui parle. Cet instant furtif tel que je le vis, mais aussi le mettre dans un coin de sa mémoire afin de le convoquer de temps en temps, quand par exemple on se sent un peu triste, que les soucis arrivent et pourraient nous envahir et qu'il ne faut pas justement se laisser submerger. Pour ne pas sombrer
Ces instants de bonheur, de joie sont comme le vent qui chasse le nuage et nous montre ce coin de ciel bleu qu'on ne voyait pas, mais qui pourtant est bien là, caché mais présent.

Ouvrons les yeux, et souvenons nous : penser à cette petite 'futilité" que peut sembler être ce petit bonheur passé et  se dire "ah le  bon moment, c'était bien, c'était une belle ,journée, cela m'a fait plaisir, je suis heureux ! " 

A cet instant, écoutons nous, notre corps parle : prêtons attention nous ressentons des émotions, un sourire illumine notre visage et nous sentons le bien être nous réchauffer.
Bien.
Ecrire le bonheur, juste un peu chaque jour, suspendre ce temps, ce court moment où "c'est bien" n'est pas si difficile finalement
Et si cela vous disait d'essayer ?
Tenir un petit carnet de ses "petits bonheurs" chaque soir, matin, quand vous voulez ?
Ce n'est pas encore une liste de plus, mais seulement un plaisir que nous nous offrons, en écrivant ces instantanés nous les revivons, et cela nous fait du bien encore, la simple pensée de ces petites joies infimes que la vie nous offre est aussi un bonheur.
Ne pas oublier de dire "MERCI" à la vie, mais aussi à soi, la gratitude c'est aussi le bonheur

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo, @brigittedusch


samedi 9 décembre 2023

Tristesse



Je sens la tristesse infinie s'étirer avec langueur aux confins de cet infini dont les contours se délitent dans la brume.


Je la sens présente toujours parfois prégnante, parfois hésitante

Une tristesse qui n'en finit pas d'aller mourir doucement sur les confins de l'infini dont les contours s'estompent dans les nébuleuses du firmament

Je suis la tristesse

Elle s'est emparée de moi, de mon corps et de mon âme, Nous ne faisons plus qu'un un seul corps un seul corps et un seul coeur qui bat au rythme des tambours de la mort qui se prépare
Mort, ultime délivrance
Mort, ultime amie qui viendra sans trop me prévenir m'emporter aux confins de cet infini dont les contours se perdent dans l'inconnu d'un vide abyssal

Je suis la tristesse

Je l'ai longtemps chassée, combattue, puis accueillie, baissant des armes inutiles car elle n'est pas mon ennemie
Mais mon unique amie, seule compagne qui ne m'ai jamais trahie
Tristesse je t'aime, nous formons ce couple unique et singulier qui n'a plus besoin de paroles ni de mots pour se dire à quel point l'amour que nous nous portons est inconditionnel et indéfectible
jusqu'à ce que la Mort ne nous sépare
Et la Mort m'emportera loin de toi à tout jamais et pour toujours au confins de cet infini dont les contours n'en finissent pas de se mouvoir pour mourir au plus profond des Enfers.

Je suis la tristesse

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne 


Crédit photo @brigittedusch

mardi 21 novembre 2023

L'inconsolation

 


" Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie "

Quels autres mots que ceux de Gérard de Nerval ? Quel autre poème qu'El Desdichado ?

Inconsolé je suis, inconsolable aussi
Alors ne reste que l'attente, mais laquelle ? 
Mortelle, longue et douloureuse attente. 

Plus rien n'a vraiment de sens, de couleurs, d'odeurs, de sons, de vie, ça va, vient, sans nous, nous sommes sans être à soi et à ce monde. 
Mais où sommes nous ? Ni dans le passé, dans le présent, encore moins dans le futur, car de futur il n'y  a pas, ou plus. Il y a le temps. Juste le temps.
Le temps de l'instant, le temps long qui se tire et s'étire , se tend et s'étend. Nous sommes envahis,  submergés par ces vagues de temps qui se bousculent et nous bouleversent. 

Prendre accueillir ce temps qui nous est offert encore un peu. Mais pour quoi ?

C'est la flamme de la bougie qui vacille au moindre souffle d'air et de vent, une respiration faible qui s'accélère sans qu'on ne sache pour quoi, ni pour qui ?Un shot de vie qui s'infuse dans la fragile perfusion qui nous maintient encore ici. Encore un peu
On ne lutte pas, on lâche, mais quoi ? qu'elle prise ? Nous escaladons sans rappel une pente vertigineuse, on monte puis on descend. Jusqu'où ? Parfois on côtoie les parois de l'abime et on aperçoit encore bien loin le fond. 
Mais ce n'est pas pour cette fois encore, on remonte, on se retrouve à flot, on remet son titre en jeu, Pas encore KO le match n'est pas terminé !
Sauf qu'on ne combat personne, que ça fait bien longtemps que nous ne cherchons plus ni titre ni médaille
Simplement le repos.
Le repos du guerrier, le repos de l'âme
Enfin !

Inconsolable ! Inconsolé de quoi ? de qui ?

On ne sait plus vraiment
Inconsolé de soi. Peut-être ?
Question de place ? Avons nous une place dans cet ici et maintenant. Dans ce monde fou qui n'est plus le nôtre et dont on ne veut pas.
L'en vie de la vie s'en va, tout doucement, sans faire vraiment de bruit de peur de réveiller ce qui peut encore nous faire vibrer?

Plus d'envie, plus de vie, plus de matins, plus de soirs, plus rien, plus de joie ni de chagrin, tout est vide uniforme et sans saveur. Plus de bonne heure.


Un monde qui s'effondre et qui oublie, pour ne pas sombrer tout à fait on va chercher dans les cryptes de notre mémoire des souvenirs  ensoleillés pour  croire qu'un jour au moins un peu, on a été heureux sous le soleil brûlant et la chaleur de la jeunesse !


Inconsolé mais bien élevé on s'efforce de montrer et de faire croire que tout va bien, ne pas inquiéter et surtout ne pas parler pour être sûr de ne rien entendre.
Car l'inconsolable sait que tout ce qui pourrait être dit sera inentendable, alors on joue la comédie,  si bien parfois qu'on se laisse prendre à son propre piège et pense aller  mieux. 

Enfin consolé, on espère alors retrouver un peu de vie, un peu de bonheur on met de la couleur dans sa vie et en route sur le chemin avec un petit sourire pour se donner du courage, de l'envie, celle de trouver un soupçon de beauté dans le ciel, la campagne, le rire des enfants et les caresses de son chien.

L'inconsolé essaie de se consoler, maladroitement humblement, avec le peu d'amour qui lui reste au fond du coeur, ce reste d' humanité qui fait de lui ce qu'il est.
Il regarde son chien avec tendresse ; il ne peut le laisser seul et doit au moins faire la route le plus loin possible à ses côtés. C'est peu de chose mais si difficile !
Alors il avance, rêve un peu, et puis les larmes coulent, elles coulent toujours, ce sont ses compagnes fidèles, de joies ou de peine, elles ne le quittent jamais. 


Un seul être nous manque, on s'était promis de faire le chemin jusqu'au bout et puis !
On se retrouve seul inconsolé et inconsolable, dans un interminable deuil qui n'aura d'issue que ?  quand ? On ne sait pas mais  on s'évertue sans trop se croire de se dire le plus tard possible car on ne veut pas faire de peine à ceux qui nous aiment et aimons. 

Même cet amour là ne suffit  pas toujours ! et un jour ne suffira plus.
On se dit, on se convainc, on se ment, on avance et on tombe, on se relève, on recommence, on voit la fin qui avance, on la redoute, on la souhaite, la seule issue à la souffrance, on a peur aussi

A t-on choisi la vie ? Ou celle ci nous a t-elle choisi ?  Je ne saurai savoir, je ne saurai répondre on sait seulement qu'on n'a pas su vivre au présent, prendre le bonheur car on ne savait pas que ce présent, ce moment, ce cadeau c'était justement le bonheur
On veut toujouts plus que ce que l'on est, plus encore sans prendre le temps d'aimer vraiment et de vivre
Vivre.

A Toi Marina, ma très chère, car je sais que chaque mot résonneront et que tu comprendras.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

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